Dévoilés le 7 janvier, les quinze projets d’Instituts thématiques interdisciplinaires (ITI) lauréats font la part belle à l’interdisciplinarité et au lien recherche-formation. Leur programme de développement s’inscrit dans le cadre de l’Initiative d’excellence « Dépasser les frontières », co-portée par l’Université de Strasbourg, le CNRS et l’Inserm. Catherine Florentz, première vice-présidente et vice-présidente Recherche, nous en dit plus.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un ITI ?
Les ITI correspondent à des programmes combinant une recherche interdisciplinaire de haut niveau et des formations par la recherche directement adossées. La labellisation et le financement sont obtenus suite à un appel à projet local. Chaque institut représente un grand programme de recherche transversal, porté par des équipes de recherche d’horizons différents, qui se regroupent pour travailler autour d’une thématique commune. Sur 18 dossiers déposés, quinze projets ont été retenus, dont onze labellisés d’emblée pour une période de huit ans (2021-2028) et quatre pour une période probatoire de quatre ans (2021-2024) (liste en encadré). C’est une très belle réussite pour l’ensemble du site, démontrant le haut niveau de recherche et la capacité d’auto-organisation de la communauté. Avec les ITI, on change de braquet. L’interdisciplinarité inclut une communauté bien plus importante qu’auparavant, dont les répercussions seront nationales et internationales.
Comment s’est déroulé le processus de sélection ?
Le concept des ITI et du processus de sélection a été validé par le conseil académique, en décembre 2018, ainsi que par le comité de pilotage Idex. Les chercheurs ont ensuite eu six mois pour monter leurs dossiers, évalués en trois étapes. Un premier cercle d’experts internationaux a effectué les expertises indépendantes. Sur cette base, un deuxième groupe, le Review panel, également international, s’est réuni à Strasbourg, pour débattre de la qualité des projets soumis, interclasser les dossiers et faire des recommandations aux tutelles. C’est ensuite le dernier cercle décisionnel, composé des présidences de l’Unistra, du CNRS et de l’Inserm, qui a pris les décisions finales.
On présente les ITI comme la suite des Labex. Qu’en est-il exactement ?
Oui et non. Sur les 18 projets candidats, huit ont pour point de départ un Labex (laboratoire d’excellence)1, et même quatre Labex pour le projet IMC Bio. Cela signifie qu’il y a bien une suite aux Labex. Cependant, il y a dix projets nouveaux, n’ayant pas bénéficié de Labex, qui ont été déposés : c’est formidable et montre que les actions menées sur le long terme en faveur de l’interdisciplinarité et l’émergence de projets collaboratifs (appels à projets, colloques interdisciplinaires2…) portent leurs fruits. Cela montre également très bien la volonté qu’ont les chercheurs de travailler ensemble. Les ITI vont également plus loin que les Labex, car ils incluent le volet de la formation par et pour la recherche, avec un continuum master-doctorat.
Comment ces ITI sont-ils financés ?
Par les intérêts de notre somme Idex pérenne placée (750 millions) : environ 10 % de cette somme viendront compléter le fonds Labex et seront attribués aux ITI, les 90 % restant étant réservés à l’ensemble des autres projets Idex qui touchent toute la communauté. La répartition de ces fonds dédiés sera décidée par un comité de pilotage Idex, en fonction d’un panel de critères comme la qualité du dossier, l’envergure du projet ou encore les besoins matériels. Chaque projet a des besoins spécifiques, qui ne représentent pas forcément la même enveloppe budgétaire.
Que répondez-vous à ceux qui ne font pas partie des ITI et s’inquiètent de rester au bord du chemin ?
Il est vrai qu’un vent d’inquiétude a soufflé dès lors qu’il a été question d’un soutien complémentaire par l’Idex. Mais je tiens à rappeler que les dotations récurrentes aux unités de recherche, aux composantes, aux écoles doctorales (ED), en particulier le nombre de contrats doctoraux d’établissement ne sont pas remis en cause et sont au bénéfice de tous. Également, l’essentiel des crédits Idex restent à destination de tous. Enfin, le caractère transversal des projets ITI et leur forte valeur interdisciplinaire ne peut que profiter à tous. C’est également ce qui s’est passé avec les Labex. Par exemple, les bénéfices des équipements acquis par ces financements ou encore les différents rendez-vous internationaux ont été mutualisés et accessibles à tous. Les effets des ITI ne peuvent que se placer dans cette même ligne. L’année transitoire qui s’ouvre va être celle de la mise en place des ITI et de leur articulation avec les composantes et ED. Je suis confiante, car de nombreuses questions que cette mise place pose ont déjà été défrichées par les Ecoles universitaires de recherche (EUR).
Justement, quelle articulation avec ces derniers ?
Les EUR, dévoilées en octobre 2017, sont un sous-ensemble de certains ITI, correspondant à l’aspect « lien formation/recherche ». Chaque ITI inclut un équivalent EUR.
Elsa Collobert et Frédéric Zinck
1 Seize projets Laboratoire d’excellence (onze portés par l’Université de Strasbourg, cinq en réseau), financés pour la période 2017-2020 dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA)
2 « Le temps » (9-10/06/16), « Les frontières » (6-7/10/16), « Images » (1-2/06/17), « Transmission » (28-30/05/18), « Environnement(s) » (5-6/06/19)