Les modalités de la réforme des études de santé (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie), et en particulier du premier cycle, annoncée en septembre 2018, sont enfin connues (décret publié le 4 novembre 2019) ! Ces changements doivent être appliqués en un temps record. Des incertitudes demeurent, tant pour les étudiants, actuels et futurs, que pour les équipes pédagogiques et administratives. D’autant que le cas strasbourgeois est spécifique. Explications.
Qu’est-ce qui change à la rentrée 2020 ?
Le changement le plus important concerne la Première année commune aux études de santé (Paces), qui cesse d’exister sous cette forme. Une nouvelle mention de licence, Sciences pour la santé (SPS), est créée. Elle est dotée de onze parcours disciplinaires (liste en encadré), correspondant chaque fois à une discipline mineure. A l’issue de cette première année, le concours de fin d’année est supprimé. Il n’y a plus de classement, seuls les résultats obtenus en première année permettent d’accéder, en deuxième année, au Diplôme de formation générale (DFG2) santé - médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie. Schématiquement, les étudiants obtenant une moyenne supérieure à un seuil fixé par le jury l’intègrent automatiquement ; ceux obtenant une note comprise entre ce seuil et 10 passent un second groupe d’épreuves à l’oral. Les étudiants ne se destinant pas à la pratique médicale peuvent aussi poursuivre en L2 SPS.
Autre nouveauté : davantage de passerelles sont mises en places. L’admission en DFG2 depuis une autre licence reste possible, selon des conditions toujours en cours de détermination (établissement des équivalences, notamment). Mais aussi pour les échecs en L1 SPS ou les choix de réorientation : les étudiants pourront plus facilement intégrer une autre L2, du fait d’un parcours de L1 davantage pluridisciplinaire. Le fait que les épreuves d’admission seront des épreuves orales transversales devrait d’autre part éviter de recourir aux coûteuses prépas privées.
Pourquoi cette réforme ? Ses buts ?
Déjà réformées en 2009 avec la création de la Paces, les études de santé sont jugées inadaptées aux évolutions démographiques et sociales actuelles. Elles valorisent les candidats résilients au bachotage, matheux, peu les qualités humaines et la motivation.
Avec cette réforme, l’objectif poursuivi est triple : diversifier le profil des étudiants recrutés, et donc des futurs professionnels ; favoriser bien-être et réussite des étudiants en santé. Avec les modalités actuelles, le taux de réussite est de seulement 40 % sur deux ans, avec des bacheliers pourtant de grande qualité écartés. Concrètement, le numerus clausus (nombre de places limité à l’admission aux études de santé) est supprimé. Cela ne signifie pas pour autant qu’il est mis fin à la sélection : l’accès au DFG2 est conditionné à la réussite d’épreuves, et le nombre de places est contingenté. De la même manière, chaque parcours de la licence SPS dispose d’un nombre pré-défini de places. L’organisation des études de santé en trois cycles demeure également.
Quelle originalité strasbourgeoise ?
Une grande autonomie étant laissée aux établissements, Strasbourg fait le choix de ne pas appliquer les modalités de la réforme telles que décidées au niveau national. A savoir : une évolution de la Paces vers un Parcours spécifique accès santé (Pass) ou une licence avec option accès santé (avec une majeure d’une autre discipline et une mineure « option santé »). A Strasbourg, il n’y aura pas de Pass et la répartition majeure/mineure est inversée, le bloc d’options majeures (25 ECTS) étant consacrée à la santé, les mineures (21 ECTS) aux autres disciplines (respectivement chimie/droit/mathématiques/physique/psychologie, etc.). « Il nous a semblé que le Pass prolongeait de manière déguisée la Paces. Choisir de mettre en place un parcours unique nous a paru important pour rappeler notre attachement à l’égalité des chances », souligne Benoit Tock, vice-président Formation, pour expliquer la spécificité strasbourgeoise.
Concrètement, un groupe de travail ouvert intégrant les treize composantes concernées et la Direction des études et de la scolarité (DES) autour des trois vice-présidents Benoit Tock, François Gauer (Transformation numérique et innovations pédagogiques) et Pascale Bergmann (déléguée Réussite étudiante), continue de se réunir pour décliner la réforme localement. Ses modalités, pédagogiques et administratives, sont à imaginer dans un temps record.
Et pour la suite ?
La réforme du 1er cycle va se poursuivre « en cascade » : pour la licence SPS, les années suivantes vont être créées l’une après l’autre (L2 en 2021, L3 en 2022). Les débouchés de cette formation devront encore être précisés. Pour le DFG2, comme le tronc commun de la L1 évolue, il va aussi falloir répercuter les modifications de la formation dans les années suivantes.
Les étudiants actuellement en Paces et qui échoueraient seront autorisés, l’année prochaine, à redoubler dans une Paces spécialement faite pour eux.
Sur Parcoursup ?
Dès le 22 janvier, devrait être proposée sur la plateforme la possibilité de formuler un vœu pour intégrer la première année de la nouvelle licence SPS.
Contrairement à ce qui était souhaité par les équipes pédagogiques et administratives, un seul vœu classant par ordre de préférence les différents parcours ne sera pas possible. Il faudra faire un vœu pour un parcours.
Elsa Collobert
N.B. : article mis à jour le 23 janvier 2020